Stratégie d'intervention
A l'achèvement du grand chantier mené aux façades de la nef et du portail peint (2000-2010) et suite aux recommandations émises par la Cour des comptes dans son rapport de 2009 sur la cathédrale de Lausanne, un vaste programme de réflexion et de consultation a été engagé par la Commission technique, destiné à débattre du cadre déontologique et pratique qu'il convenait de donner aux futurs travaux de conservation du monument.
Ce programme de réflexion a abouti à l’organisation, en juin 2012, d'un colloque international qui, tout en validant les efforts de rattrapage entrepris ces dernières décennies par la Commission technique, a recommandé, pour le futur de la cathédrale, une réorientation stratégique qui priorise les interventions de maintenance – le cycle horizontal - par opposition au cycle vertical de travaux successifs, ponctuels et localisés. Cette volonté de privilégier la régularité de l’entretien et la conservation préventive présente plusieurs avantages : le maintien accru de la substance historique en particulier et l’espacement progressif des cycles verticaux, toujours lourds en sacrifice matériel et coûteux financièrement.
Cette nouvelle approche nécessite la mise en place d’un monitorage du monument dans la durée et d’un système d’observation permanent, notamment des graves effets de l’eau sur la dégradation de la pierre. Ce suivi devrait garantir une meilleure conservation du grès molassique en intervenant avant qu’il ne se dégrade irréversiblement et en le mettant à l’abri, dans la mesure du possible, des atteintes météoriques. Il s’agit donc de poursuivre les travaux de restauration en suivant deux axes principaux : achèvement du grand cycle de restauration entrepris il y a 40 ans d’une part, mise en place de moyens permettant une conservation plus préventive de l’édifice d’autre part.
Les conclusions du colloque ont été publiées sous forme d’actes en 2013 (« Déontologie de la pierre», Lausanne, Edimento, Monuments vaudois, hors-série 1 - 2013, 144 pp.). Sur cette base, la Commission technique a développé, entre 2013 et 2015, une stratégie de conservation à moyen et à long terme de la cathédrale.
En octobre 2019, le Grand Conseil a octroyé au Conseil d’Etat un crédit d’investissement qui permettra, pour la première fois dans l’histoire séculaire de la Cathédrale, de terminer un cycle de restaurations et de mettre en place une approche de maintenance plus préventive, plus continue et plus constante dans le temps, de manière à anticiper au mieux les états de ruine du monument et prévenir ainsi les effets néfastes de l’alternance inaction-restauration.
En janvier 2021, un deuxième colloque a été organisé par la Commission technique pour échanger et partager avec des spécialistes les solutions envisagées pour modifier le ruissellement de l’eau sur la molasse. Les conclusions ont été publiées sous forme d’actes en 2021 (« Piscis Aqua », Actes du colloque du 29 janvier 2021 Lausanne, Edimento, Monuments vaudois, hors-série 2 - 2021, 72 pp.).